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Voilà, nous sommes en pause JDR pour quelques semaines (difficile d'avoir des joueurs pendant le mois de décembre et ça s'arrange pas quand les fêtes tombent un week-end). Je ne me plains pas, l'été et l'automne ont été assez riche en parties. J'ai encore envie d'aborder le sujet des peurs en JDR. Ca me servira de bilan pour notre début de "Greenlake".

 

Je vous situe un peu le contexte. "Greenlake" est une campagne qui se déroule dans l'univers de Lovecraft mais pas tout à fait. Comme je l'ai dit précédemment, nous jouons des acteurs qui  tournent une série qui se trouve être la suite de "L'Abomination de Dunwich" (clic clic si tu veux savoir ce que c'est que cette bébête). Au-delà du thème "Lovecraft, sa vie, son oeuvre", il est beaucoup question de jeu de rôle (ha, ha, mange ta série de mises en abîmes, même qu'un PNJ m'a remercié, moi, joueuse, pour un cadeau de mon PJ, mais c'est un autre sujet). Bethany, mon personnage "principal" (son alter ego s'appelle Paige) est une bonne american girl, version "geek" du Massachussetts, nourrie au grain, presque, mais pas naïve que j'écartèle entre un bon rationnalisme bien trempé (le mien en fait) et une imagination débordante (la mienne aussi, au fond, parce que, sans feindre quoi que ce soit, Bethany c'est moi, sans aucun fard ou presque). Et les gens rationnel imaginatifs sont souvent rationnel pour affronter leurs peurs ou les relativiser un tout petit peu.

 

L'univers de ce jeu, joue sur la peur la plus primitive de l'humain évolué: il est totalement insinifiant face à l'immensité de l'univers, face à la nature qu'il a domptée (la sienne, tout du moins). Ca c'est pour la peur "rationnelle". Nous en sommes au stade où nous nous demandons "et s'il y avait des Profonds?" ou "Et si je me retrouvais nez à nez avec un Shoggoth?". Mais au-delà de cette peur, il y a celles que l'humain (moi, tout du moins), ne sait pas rationnaliser ou expliquer. Pourquoi avoir peur des clowns (non, ce n'est pas au hasard que je cite cet exemple)? L'arrivée d'un cirque à Greenlake réveille cette peur chez moi (et donc, chez Bethany). Elle explique que la lecture de "Ca" de Stephen King a provoqué cette phobie du clown maléfique (tous les clowns par extension deviennent potentiellement maléfiques). Comme le jeu joue sur la peur, tous les clown croisé (même ceux des affiches) deviennent très inquiétants, avec des dents taillées en pointes. Pas parce que les clowns sont réellement inquiétants, mais peut-être (je dis bien peut-être) parce qu'on les voit alors par les yeux de celle qui en a peur.

 

De la même manière, les ombres des Profonds ne sont peut-être que le reflet de la peur du personnage du Marquis (n'étant pas dans sa fiche de personnage, je ne peux que le supposer). L'explication est simple à tout ça. Chez Lovecraft (et dans le jeu de rôle, surtout dans le jeu de rôle), le lien entre peur et folie n'est qu'un pas à franchir. Et je n'ai jamais joué à l'Appel de Cthulhu sans que les personnages (ou une partie d'entre eux) ne deviennent fous. Dans le cas présent, les PJs semblent tous légèrement perturbés et fragiles. La simple apparition d'un monstre, même imaginaire semble capable de les pousser dans une perte totale de contact avec la réalité (pour l'instant, ça semble être l'idée).

 

Sinon, au risque d'écrire un article décousu, faut que je vous raconte la rencontre avec le "Shoggoth". Le scénariste de la série a disparu, après que je lui ait fait remarquer que le plan d'une partie de Greenlake ressemble beaucoup à celui d'Innsmooth (note: le plan n'existe que dans le JDR, pas du tout dans les écrits de Lovecraft, ce qui exclue la possibilité d'une inspiration de l'auteur). Le brave garçon est donc parti en exploration pour voir la "tannière du Shoggoth". Après le tournage, je pars à sa recherche (enfin, moi, Bethany, quoi) avec le personnage de Manitou (Bruce). Nous tombons sur un entrepot abandonné et sans éclairage dans lequel nous ne trouvons rien, sauf le bouquin de jeu de rôle du sénariste (Sean) et des trainées gluantes sur les murs.

 

Le MJ: Bethany, tu sais que tu peux trouver une information dans le livre que tu tiens dans les mains (grognement dans la pièce)

Moi, d'une toute petite voix (regardant l'image de l'entrepot dans le bouquin, voyant les trainées): oh, purée, y'a peut-être un Shoggoth ici...

Le MJ: Les stats du monstre sont sur la page suivante.

Moi, d'une voix encore plus petite (regardant les stats du Shoggoth, un truc démentiel): oh purée c'est gros. La bonne nouvelle, c'est que ça court pas vite... (grognement).

Manitou, tenant son flingue vers la porte: court!

Moi, d'une voix blême: t'es sûr? (grognement plus fort).

Moi ("courant"): Aaaaaaaaah!

 

Une forme blanche se déplace sur le sol. Manitou est prêt à tirer quand soudant, Sean sort du tapis (blanc, dont il s'était enroulé pour ramper) et se relève:

"Aaaaaaaah! Qu'est-ce que tu fais avec ce flingue? Je trouvais juste marrant de vous faire peur".

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