The Darkness Before Our Eyes, cinquième chapitre des aventures de la famille Loxley (avec d'autres gros pas-beaux, un cheval mécanique et des zombies), première partie.

 

Alors que nous avancions, Oliver nous rejoignit. Ne me regardez pas comme ça. Ne doutez jamais de la témérité d’Oli. Ni du fait que je sois parfaitement capable de ne pas exprimer mon désaccord. En l’occurrence, j’aurais, et de loin, préféré le savoir en sécurité à l’entrée. Mais, lorsque vous n’avez jamais fait preuve d’autorité vis-à-vis des enfants que vous avez à charge, vous ne pouvez pas espérer les raisonner quand subitement l’envie vous prend de les contrôler. Vous comprenez mon point de vue ? J’aurais eu beau jeu de dire « oui, Oli, tu es descendu une fois pour moi, tu aurais pu mourir ici, puis dans mon expérience de la machine volante, mais cette fois, je te veux en sécurité ». C’est absurde, incroyablement hypocrite et je ne doute pas de l’inefficacité d’une telle démarche. En outre, si j’avais noté l’intérêt du gamin pour Isabelle, il ne pouvait pas m’échapper que sa voix était clairement descendue d’un certain nombre de tons et qu’une barbe naissait sur ses joues, j’ignorais à quel moment le changement s’était opéré mais je ne pouvais pas nier que le petit garçon que j’avais « recueilli » était clairement en passe de devenir un adulte. Je ravalais ma peur de lui voir arriver quelque chose de grave et, comme je l’avais fait dans des situations plus contrôlables, gardais mes mises en gardes pour moi. Au bout de quelques mètres, nous finîmes par trouver une source de lucifer et non loin d’elle, le vieux Dawson. Dans une tentative désespérée, je tentais de soigner ses plaies avec le lucifer, consciente malgré tout qu’il était sûrement trop tard. William voulait le ramener mais l’homme argua qu’il était trop tard pour lui et qu’il fallait le laisser ici, avec les siens. Mon frère proposa de le ramener pour faire des expériences sur lui. Oui, vous entendez bien. Ce que j’ai fait ? Vous voulez me vexer ? J’ai toujours, je dis bien « toujours » refuser d’expérimenter sur des animaux, à plus forte raison sur des humains. Je rétorquais que j’allais faire des expériences sur Ed, puisqu’il semblait trouver qu’il n’était pas grave d’expérimenter sur Dawson. Ce dernier me répondit qu’il ne voyait pas de mal à faire des expériences sur des créatures mortes. Ce qui me posait problème, c’est que cette mort ressemblait fort à une sorte de vie.

 

Pendant que nous avions cette discussion (autant vous dire que je n’en menais pas large car je savais que n’importe quelle décision pouvait être validée avec ou sans accord du reste du groupe), Oli avait avancé dans le conduit, suivant les traces de pas que nous avions repéré un peu plus haut. Remarquant une sorte de porte posée contre l’entrée d’un autre conduit, il nous appela. Dunn nous pressait de remonter et, en toute honnêteté, j’hésitais. J’avais beau porter une armure, nous ne faisions pas le poids contre une armée de… quoi ? Citoyens fous furieux ? Animaux ? Mort-vivants ? Ne riiez pas. J’ai conscience de l’humour que contient ce que je viens de dire, mais, à ce moment là, rien de ce que j’avais en tête ne me faisait rire. Voyant Oli avancer malgré mes protestations, je me relevais et, suivi de William et Ed, je le rejoignis. Will tenta d’enlever la planche mais cette dernière résista. Je sursautais en voyant qu’une main, visiblement en mauvais état la retenait. Vous voulez que je précise cet état ? Vous avez déjà vu la main de quelqu’un mort depuis un certain temps ? Je vois vos yeux qui s’arrondisse, attendez la suite…  Je pris l’initiative de parler à cette… personne ? Chose ne me semble vraiment pas approprié et me le sembla encore moins lorsque j’eus une réponse. Il s’appelait Louis Baxter et avait connu mon oncle qu’il semblait avoir apprécié. Je le questionnais mais n’obtint que des réponses évasives. L’homme souhaitait juste qu’on le laisse tranquille et que nous ne redescendions pas, gardant le secret de ce qu’abritait la montagne. J’arrivais à démêler un peu les fils de cette discussion décousue par les questions de William coupant les miennes, traduisant ainsi sa peur. Alors qu’il affirmait que les siens n’attaquaient pas les gens à la surface, je promis de ne rien dire et engageait les autres à partir. Oli semblait furieux. Je savais que c’était parce que j’avais accepté de laisser ces gens tranquilles. J’ignore combien ils étaient, mais j’avais la certitude qu’ils n’étaient pas tous comme celui qui avait attaqué Oli. William tenta d’emmener Dunn mais, malgré la tristesse de cette décision, je lui dis que je souhaitais que nous respections sa décision de rester dans la cavité. A notre retour, sans ciller, j’expliquais au shérif que son corps était trop abîmé pour le montrer à sa famille et que nous devions prétendre que, tombé trop profondément, nous n’avions pas pu le remonter. Enfin, Edward demanda au shérif s'il pouvait faire quelque chose contre Loston. Lloyd répondit qu'il allait écrire à la cavalerie.

 

Les funérailles eurent lieux quelques jours plus tard. Nous revenions vers la ville lorsque nous aperçûmes Lloyd qui allait à la rencontre de six hommes. Je me rapprochais de Bill Jackman et lui demandait de qui il s’agissait. Ce dernier me répondit que cet homme était le Marshall Tom Clemsy, l’homme qui l’avait mis en prison. Vous savez quoi ? A cet instant précis, alors que je m’approchais de mon cheval, j’avais un effroyable pressentiment. Malgré tout, je me dis que ça n’était que le contrecoup de tout ce qui s’était produit jusque là et choisis de faire confiance à la loi.

 

William partit enquêter sur Louis Baxter. Jenkins lui appris que l’homme était mort. Il était menuisier et travaillait pour Oncle Walter. Il nous fit part de sa trouvaille durant le déjeuner. Je demandais à ma cousine si elle savait de quoi l’homme était mort. Elle nous répondit que l’homme était mort de façon parfaitement naturelle. Après le déjeuner, je donnais à William l’arme que j’avais fabriquée pour lui.  Je tenais réellement à ce que toute la famille soit correctement armée. Pendant ce temps, Oli était parti chercher Goyien. Je vous ai dit que j’apprécie réellement beaucoup cette jeune fille ? J’aurais réellement souhaité qu’Oli l’apprécie un peu plus, si vous voyez ce que je veux dire. Je n’avais rien contre Isabella, mais cette femme était une source d’ennuis potentiels. Et pour Oli, qui avait eu une vie effroyable pendant un certain nombre d’années, j’aurais souhaité une vie d’adulte apaisée. Et si, j’imagine, une relation entre un blanc et un indien pouvait être compliquée, le rapport très sain et naturel que Goyien avait avec les choses et les gens était plaisant. Si Oli avait noté ses jolis yeux, son intelligence et sa joyeuse liberté, je pense que leur relation aurait pu être douce et simple avec la fraicheur et la pureté de ce qu’on imagine d’une relation adolescente.  Pour l’heure, il voulait savoir ce que la jeune indienne savait des esprits et si elle avait entendu des histoire concernant ceux de la montagne.

 

La jeune indienne ne comprenait pas pourquoi Oli leur en voulait. Les esprits errent, dit-elle. Pouvait-on en vouloir à des âmes errantes ? Elle-même n’en voulait à personne, pas même à sa mère qui l’avait abandonnée. Oli ne savait pas pourquoi il était si en colère contre celui qui lui avait pris sa jambe. Goyien lui expliqua qu’au lieu de ressentir cette colère et cette rancune, il aurait dû être reconnaissant. Il courrait plus vite. Sautait plus haut. De plus, n’en vouloir à personne lui permettrait d’être en paix. Si j’avais entendu cela, j’aurais sûrement applaudi. Je dois bien admettre que cette adolescente était bien plus sage que nous tous réunis. Et j’aurais été ravie de l’influence qu’elle avait sur Oliver. Elle lui suggéra de faire ce que font les indiens pour apaiser les esprits : chanter et danser près de la grotte. Elle lui dit aussi que nous étions fatigués, Ed, William et moi car nous ne nous arrêtions jamais. Selon elle, c’était sûrement aussi pour ça que les indiens avaient perdu cette … guerre ? De son côté, elle savait simplement qu’elle et son père avaient quitté leur peuple parce que Sam pensait qu’ils n’avaient plus leur place parmi eux. Pardonnez-moi de digresser mais croyez-vous qu’il puisse s’agir d’une guerre lorsqu’un des camps est pris par surprise et systématiquement décimé sans réel moyen de se défendre ? Vous avez vu la place qu’il y’a ici ? Je crois, très sincèrement que les deux peuples auraient pu cohabiter.  Apprendre à se connaître et se mélanger l’un à l’autre. Nous avions tant à apprendre des natifs de ce continent. Non, vous vous méprenez, je ne les idéalise pas. Pas plus que je nous diabolise. Mais la vérité, c’est que les blancs d’occident ont la guerre de conquête trop facile. A croire qu’ils sont tellement imbus de notre relative supériorité technologique qu’ils préfèrent tuer avant de chercher à comprendre ce pour quoi ils tuent.

 

 

 

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